Les ermites de la Sainte-Baume : une journée à la découverte d’un héritage silencieux
Silence, nature et mysticisme : voici les trois mots qui résument le mieux mon escapade sur les traces des ermites médiévaux dans le massif de la Sainte-Baume. Cette journée, à la fois contemplative et instructive, m’a permis de comprendre pourquoi, depuis le Moyen Âge, hommes et femmes en quête de spiritualité gravissent ces sentiers boisés à la recherche d’une paix intérieure… ou d’un chemin très concret vers la grotte de Marie-Madeleine.
Départ de la journée : arrivée au parking des Trois Chênes
Le départ de cette aventure se fait au parking des Trois Chênes, situé non loin de l’Hôtellerie de la Sainte-Baume. Facile d’accès depuis Plan-d’Aups, ce parking gratuit est le point de départ principal pour tous les randonneurs souhaitant explorer le massif. Il est conseillé d’arriver tôt, surtout en saison estivale, car l’affluence peut être importante.
Astuce perso : je suis arrivée vers 8h30. Le calme régnait encore dans la forêt et les rayons du soleil filtraient à travers les hêtres centenaires. Une vraie immersion dans un autre temps.
Grimper sur le Chemin des Roys : sur les pas des pèlerins
Emprunter le Chemin des Roys, c’est faire un bond de plusieurs siècles en arrière. Ce sentier pavé, restauré avec soin, était jadis foulé par les pèlerins et les souverains venus honorer sainte Marie-Madeleine, dont on dit qu’elle a vécu dans la grotte durant les dernières années de sa vie.
La montée, bien que soutenue, est ponctuée de reposoirs et stations du chemin de croix. J’ai croisé quelques randonneurs silencieux, chacun plongé dans ses pensées. Ici, la marche a quelque chose d’intime, presque sacré. On sent encore l’empreinte de ceux qui ont cherché dans cette forêt un refuge hors du monde.
La Grotte de Sainte-Marie-Madeleine : cœur du sanctuaire
Après environ 45 minutes d’ascension tranquille (prévoyez de bonnes chaussures !), la grotte de Sainte-Marie-Madeleine apparaît. Accrochée à la falaise, partiellement intégrée dans le roc, elle abrite aujourd’hui une chapelle dans laquelle résonnent encore les offices et les prières des pèlerins modernes.
Les Dominicains qui vivent ici depuis le XIIIe siècle perpétuent cette tradition d’accueil et de silence. À l’intérieur, l’ambiance est feutrée, l’éclairage doux et les cierges projetant des ombres mouvantes sur les parois rouges et brunes.
Infos pratiques :
- Entrée libre toute l’année, mais attention : la grotte est fermée entre 12h et 13h.
- Une fontaine d’eau bénite coule à droite de l’autel. N’oubliez pas une bouteille si vous souhaitez en emporter.
- Tenue respectueuse recommandée (éviter short et débardeurs).
Sur les traces des ermitages oubliés
Au-delà de la grotte, le sentier continue vers le plateau. C’est ici que le cœur de l’aventure commence vraiment : à la recherche des ermitages médiévaux, aujourd’hui en ruines, mais encore fabuleusement évocateurs.
J’ai suivi un balisage partiel (attention, pas toujours bien indiqué !) en direction de la baume des Ours, un petit abri naturel jadis occupé par des religieux isolés. Le silence est total, habité seulement par le vent. À mesure que l’on s’éloigne du chemin principal, on comprend mieux ce que pouvait être la vie des ermites : austérité, solitude, mais aussi communion totale avec une nature majestueuse.
Plus loin, on devine les vestiges d’autres petites cellules troglodytiques couplées à des rocailles et murets effondrés. Faute de panneaux explicatifs, j’ai consulté un carnet topographique ancien avant de partir, mais une signalétique patrimoniale plus développée serait la bienvenue.
À noter : les sentiers s’étendent entre 900 et 1100 m d’altitude. Bien qu’accessibles, certaines portions sont escarpées ou glissantes par temps humide.
Pique-nique face au vallon : une pause bien méritée
Vers midi, j’ai trouvé un petit promontoire orienté plein sud, avec une vue imprenable sur le vallon du Plan d’Aups et, au loin, les Alpilles. Le vent était léger, les oiseaux actifs, les odeurs de lavande sauvage et de thym très présentes. Pour cette pause repas, j’avais emporté :
- Du pain de seigle acheté à la boulangerie artisanale de Mazaugues
- Du fromage de chèvre affiné de la ferme de Lascours
- Une bouteille d’eau fraîche bien remplie aux fontaines de l’Hôtellerie
L’expérience d’un simple pique-nique devient ici un moment suspendu. On comprend pourquoi tant d’hommes et de femmes ont choisi ce lieu pour s’y retirer. La nature ne se contente pas d’être belle : elle calme, console et recentre.
Redescente via le sentier du Canapé
Après le repas, la redescente se fait par le sentier du Canapé, plus ombragé et un peu moins fréquenté que le Chemin des Roys. Il serpente doucement à travers une hêtraie unique en Provence, classée pour sa rareté. Avec un peu de chance, vous apercevrez des chevreuils ou, comme moi, un couple de mésanges huppées.
Le sentier débouche en douceur à proximité du parking. La boucle est bouclée après environ 4h30 de marche tranquille et contemplative, pauses comprises.
Petite halte spirituelle à l’Hôtellerie
Avant de repartir, je fais une petite halte méritée à l’Hôtellerie de la Sainte-Baume, un lieu d’accueil spirituel mais aussi un bon spot pour un café ou un rafraîchissement plus profane. Le petit salon, ouvert à tous, propose des ouvrages sur l’histoire du massif, les récits de pèlerinage, et même sur les plantes médicinales locales.
Pour celles et ceux qui veulent prolonger l’immersion, sachez que l’hôtellerie propose des nuitées dans un cadre simple mais très paisible. Idéal pour se reconnecter loin des réseaux et reprendre le cours du temps autrement.
Informations pratiques et conseils
- Durée de la randonnée : environ 4h30 en boucle, niveau modéré
- Point de départ : Parking des Trois Chênes – Plan-d’Aups-Sainte-Baume
- Meilleure période : avril à juin et septembre à novembre (évitez l’été aux heures chaudes)
- Équipement : chaussures de randonnée, eau, chapeau, encas – sentiers humides parfois glissants
- À éviter : venir en fin de journée sans lampe frontale ou carte fiable (la nuit tombe vite sous les arbres)
Petite astuce : si vous êtes matinal, prenez quelques minutes avant de grimper pour passer au point d’information à l’entrée du site, où de petites brochures sur l’histoire du pèlerinage sont parfois disponibles gratuitement.
Un patrimoine vivant à vivre pleinement
Plus qu’une balade, cette journée sur les traces des ermites de la Sainte-Baume est une immersion dans une histoire discrète mais puissante, faite de silence, de foi et de nature brute. Que vous soyez croyant, passionné de patrimoine ou simplement amateur de grands espaces, vous repartirez changé – ou au moins rafraîchi – par cette escapade hors du temps.
Alors, prêt(e) à chausser vos bottes et partir à la rencontre des esprits de la forêt ?