Le Massif de la Sainte-Baume, décor de cinéma grandeur nature

Majestueux, sauvage, chargé d’histoire et de mystère, le massif de la Sainte-Baume ne laisse personne indifférent. Ce territoire préservé au cœur de la Provence a aussi su séduire les réalisateurs de cinéma. Film après film, il devient le cadre d’intrigues intimes, de fresques historiques ou de récits héroïques… Souvent méconnu du grand public, le massif cache pourtant quelques secrets de tournage bien ancrés dans ses sentiers et ses villages.

Que vous soyez cinéphile, amateur de randonnées ou tout simplement curieux de découvrir les coulisses de votre territoire, partons ensemble à la rencontre des lieux du 7e art implantés au cœur de la Sainte-Baume.

Un décor naturel prisé pour son authenticité

Ce qui attire les productions cinématographiques ici ? Une nature restée brute, une lumière exceptionnelle, mais aussi une grande diversité de paysages en quelques kilomètres : falaises vertigineuses, forêts mystérieuses, villages typiques, chapelles isolées et panoramas d’exception. Le coût de tournage est bien sûr moins élevé qu’en studio ou dans les grands centres urbains, mais surtout, le massif possède ce supplément d’âme recherché par les scénaristes et les réalisateurs.

Et ça ne date pas d’hier ! Le massif de la Sainte-Baume a vu passer les caméras depuis les années 1960. Si certains lieux ne sont visibles que quelques secondes à l’écran, d’autres sont devenus emblématiques d’un film ou d’une scène marquante. En voici quelques-uns à ne pas manquer.

La grotte de Marie-Madeleine dans “La Passion”

Certains lieux du massif, comme la célèbre grotte de Sainte-Marie-Madeleine, sont eux-mêmes chargés de spiritualité et d’histoire. Dans le film “La Passion” d’Olivier Dahan (2009), cette grotte apparaît brièvement, mais intensément, illustrant un moment de recueillement. Nichée dans les hauteurs de la forêt domaniale, elle donne au film une atmosphère de transcendance rare.

Mon conseil : accédez à la grotte par le chemin des Roys au départ de Plan-d’Aups. Une montée d’environ 45 minutes (niveau intermédiaire), mais qui se fait bien en matinée lorsqu’il fait plus frais. Pensez à emporter de l’eau, et profitez de la fraîcheur incomparable de la forêt du massif.

Tourves et ses vignes : le charme discret de “La Villa”

Dans le magnifique film “La Villa” de Robert Guédiguian (2017), certaines scènes à la campagne ont été tournées à proximité de Tourves, sur les contreforts du massif. Les petites routes bordées d’oliviers et les vignes dorées par le soleil décrivent un sud réaliste et profondément humain.

Tourves offre cette douceur méditerranéenne mais sans artifice touristique, ce qui rend chaque image filmée ici très sincère. Le hameau de Valbelle, avec sa petite église, a aussi été repéré par l’équipe de production comme décor potentiel, même s’il a été finalement exclu du montage final… Une belle anecdote que m’a confiée Claudine, une habitante du coin, qui garde des souvenirs chaleureux de l’équipe du film.

Les crêtes de la Sainte-Baume dans le docu-fiction “Les chemins de Marie-Madeleine”

Tourné en 2015, ce documentaire mêlant fiction historique et témoignages spirituels met en lumière les paysages grandioses du plateau et des crêtes de la Sainte-Baume. Une scène marquante montre le personnage de Marie-Madeleine avançant seule sur les hauteurs, avec à ses pieds un panorama saisissant sur la Sainte-Victoire d’un côté, et la Méditerranée de l’autre.

Bon à savoir : ce tournage a été fait sous des conditions météo extrêmes. L’équipe, que j’ai rencontrée lors d’un salon du livre à Nans-les-Pins, se souvient du mistral qui soufflait en rafales et des portages de matériel… à la main. La scène n’en est que plus réaliste au final !

Accès : le départ s’effectue du col de l’Espigoulier, côté Gémenos. Prévoir de bonnes chaussures et éviter les jours de vent fort. Le sentier des crêtes est magnifique mais reste physiquement exigeant. Comptez 4h aller-retour pour en profiter à son rythme.

Nans-les-Pins et l’ombre de Marcel Pagnol

Si Pagnol n’a pas tourné ici-même, son esprit hante le massif. Son amour de la Provence transpire dans plusieurs de ses films, et le village de Nans-les-Pins fut longtemps considéré pour certaines scènes de “La Fille du Puisatier” (1990, réalisation de Daniel Auteuil). Finalement, c’est Brignoles qui fut retenu, mais les repérages à Nans ont laissé des archives et des discussions vivaces parmi les plus anciens habitants, dont Robert, retraité et grand passionné de cinéma local, qui m’a gentiment montré les photos et plans conservés par la mairie.

Une balade ciné-patrimoniale peut facilement s’imaginer à travers les rues du centre historique de Nans, tout en dégustant une glace artisanale chez “Lou Pitchoun Glacier”, une adresse que je recommande chaudement pour une pause bien méritée.

Un massif aussi vedette des fictions TV

Outre le grand écran, la Sainte-Baume héberge régulièrement des tournages pour des séries télévisées, notamment des productions policières ou historiques. Dans “Meurtres à Aix-en-Provence” (France 3), un épisode tourné en 2019 comprend des plans larges filmés par drone sur la Sainte-Baume, utilisée ici comme décor général pour donner une ambiance provençale, bien que l’histoire se déroule à Aix… Libertés de la fiction !

De même, certaines séquences de “Une femme d’honneur” ou “Sections de recherches” ont utilisé les routes forestières du Plan d’Aups pour simuler des poursuites ou des scènes d’enquête en pleine garrigue.

Astuce : rendez-vous tôt le matin ou en fin de journée pour retrouver ces ambiances particulières, lorsque la lumière rasante adoucit les reliefs et amplifie les contrastes. Vous verrez, le décor devient immédiatement cinématographique… même sans caméra.

Le rôle essentiel des communes dans l’accueil des tournages

Ce que l’on sait peu, c’est que les tournages s’organisent souvent avec l’appui direct des mairies et des offices de tourisme. Plusieurs communes du territoire, comme Plan-d’Aups, Mazaugues ou Riboux, disposent d’un référent « accueil tournage » pour aider les équipes de production. Cela va de la logistique pure à la mise en contact avec les artisans ou les propriétaires terriens susceptibles d’ouvrir leurs domaines.

En 2022, un court-métrage étudiant primé au Festival de Marseille a été entièrement tourné entre Mazaugues et l’ancienne carrière de bauxite. Une belle réussite locale, née grâce à l’implication bénévole des habitants, ravis de participer à l’aventure du 7e art !

Comment visiter les lieux de tournage ?

Si la visite des lieux de tournage vous tente, voici mes recommandations pour une journée (ou plus) sur les traces des films :

• Départ de Tourves : balade matinale dans les vignes et petit-déjeuner au moulin de la Coquille, charmante adresse locale.
• Direction la grotte de Sainte-Marie-Madeleine : accès à pied depuis le parking de l’Hostellerie de la Sainte-Baume. Pause pique-nique sur les hauteurs (aire aménagée à côté de la chapelle Saint-Pilon).
• Fin de journée à Nans-les-Pins : balade tranquille dans le village, et dîner chez “L’Ardoise”, une table locale inventive à base de produits du terroir.

Pour les passionnés, certaines associations locales comme “Cinémassif” ou “Les Amis du Cinéma de la Sainte-Baume” organisent ponctuellement des visites guidées à thème ou des projections en plein air sur les lieux exacts de tournage. Tenez-vous informés via les réseaux de l’Office de Tourisme ou via la Maison de la Sainte-Baume.

Le cinéma offre un regard unique sur notre paysage. Grâce aux tournages, les lieux deviennent personnages à part entière, et nous invitent à les redécouvrir autrement. Alors, la prochaine fois que vous marcherez dans les forêts du massif ou longerez un sentier perdu entre falaise et ciel, regardez bien autour de vous : il se pourrait qu’un réalisateur ait déjà choisi cet endroit-là pour faire vibrer le public… et que la caméra, cette fois, soit la vôtre.