À la découverte des sentiers oubliés du massif de la Sainte-Baume

À la découverte des sentiers oubliés du massif de la Sainte-Baume

Quand on évoque le massif de la Sainte-Baume, ce sont souvent les grands classiques qui viennent en tête : l’ascension vers la grotte de Marie-Madeleine, la crête panoramique ou encore la balade ombragée dans la forêt domaniale. Pourtant, au-delà de ces sentiers prisés, il existe tout un réseau de chemins moins fréquentés, parfois oubliés même des marcheurs aguerris. Ces sentiers cachés sont autant de parenthèses précieuses pour celles et ceux qui cherchent à renouer avec une nature préservée et une atmosphère paisible, loin de l’agitation des sites les plus connus.

Un patrimoine naturel discret mais remarquable

Le Parc naturel régional de la Sainte-Baume regorge de trésors souvent relégués dans l’ombre de sa célèbre crête calcaire. Pourtant, il suffit parfois de quelques centaines de mètres à l’écart d’un GR ou d’un sentier balisé principal pour tomber sur un vallon enchâssé dans la roche, une clairière oubliée ou les vestiges modestes d’une cabane de berger.

Certains de ces sentiers, jadis utilisés par les forestiers ou les chasseurs, serpentent à travers chênaies, hêtraies et garrigues parfumées. Beaucoup figurent encore sur d’anciennes cartes IGN, mais leur entretien est parfois aléatoire. Le balisage – s’il existe – est discret, ce qui invite à la prudence mais renforce aussi l’aspect « exploration » de ces randonnées.

Trois itinéraires méconnus à (re)découvrir

Voici une sélection de trois sentiers peu fréquentés, que j’ai repérés ces derniers mois lors de mes explorations sur le terrain. Chacun offre une ambiance différente, mais tous partagent ce sentiment rare d’aventure douce et de (re)découverte d’un territoire emblématique.

Le vallon du Dégoutant – Une immersion en pleine nature

Ne vous fiez pas à son nom peu engageant : le vallon du Dégoutant est tout sauf rebutant. Accessible depuis le petit parking du col de Bertagne, ce sentier serpente en fond de ravin, à travers une flore exubérante en saison. Plutôt facile techniquement, il reste peu emprunté, sans doute à cause de son caractère encaissé et de l’absence de grand panorama.

Intérêts :

  • Fraîcheur remarquable en été grâce à l’ombre dense.
  • Observation de nombreuses espèces d’oiseaux et de papillons (pensez aux jumelles !).
  • Traces anciennes de charbonnières visibles sur les talus.

Conseil perso : Emportez de bonnes chaussures étanches : il n’est pas rare que le fond du vallon garde l’humidité plusieurs jours après un orage.

Le sentier des orchidées sauvages – Entre Nans-les-Pins et le Pas de la Cabre

Au départ du vieux village de Nans-les-Pins, ce sentier discret bascule rapidement dans une garrigue calcaire riche en biodiversité. Au printemps, c’est un festival d’orchidées que vous croiserez entre juinipes, ophrys abeille et sérapias. Le sentier grimpe doucement vers la crête du Pas de la Cabre, avec en toile de fond une vue imprenable sur la plaine de Saint-Maximin.

Intérêts :

  • Floraison spectaculaire entre avril et mai.
  • Tranquillité assurée même les week-ends.
  • Possibilité de boucler avec un retour par le Vallon de l’Anglais.

Conseil perso : Prévoyez des jumelles ou une loupe d’observation pour admirer de près la délicatesse des fleurs sans les cueillir (ce qui est interdit !).

Les drailles oubliées de Mazaugues – Sur les traces des muletiers

Entre Mazaugues et le Plan d’Aups, plusieurs drailles (anciens chemins de transhumance) serpentent dans les sous-bois ou longent des murets en pierres sèches. On y devine encore les ornières des charrettes qui montaient jusqu’aux charbonnières. Peu indiquées sur les cartes, ces drailles peuvent se rejoindre par segments pour former une boucle d’environ 10 km, idéale pour les marcheurs curieux et bien préparés.

Intérêts :

  • Ambiance historique et silence total.
  • Curiosités géologiques : dolines, chaos rocheux, sources temporaires.
  • Possibilité de rencontre avec des chevreuils ou sangliers (au petit matin surtout).

Conseil perso : Utilisez une application GPS de randonnée comme Visorando ou Iphigénie pour ne pas vous égarer, certains segments étant modestement visibles.

Comment s’équiper et respecter ces lieux sensibles

Arpenter ces sentiers oubliés demande un minimum de préparation. Contrairement aux chemins plus fréquentés, ceux-ci peuvent comporter des sections non dégagées ou glissantes. Équipez-vous en conséquence :

  • Chaussures de randonnée avec bonne accroche.
  • Carte IGN ou appli GPS embarquée (pas toujours de réseau sur place).
  • Snack, eau (il n’y a pas de point d’eau potable sur ces itinéraires), trousse de premiers secours.
  • Vêtements protégeant des ronces, tiques et orties si vous randonnez entre mai et septembre.

Surtout, respectez ces écosystèmes fragiles :

  • Ne sortez pas des sentiers existants, même peu visibles.
  • Ramassez tous vos déchets… y compris les mouchoirs en papier !
  • Évitez de randonner en groupe de plus de 6 personnes pour ne pas déranger la faune.

Bonnes adresses aux alentours pour prolonger l’expérience

Parce que la randonnée ça creuse (et ça donne soif !), voici quelques adresses testées et approuvées lors de mes escapades sur ces sentiers peu connus :

  • La Table de Nans à Nans-les-Pins : cuisine locale réinventée, parfaite pour reprendre des forces élégamment.
  • L’Épicerie du Plan d’Aups : pour un casse-croûte terroir à emporter avant la rando (pain frais, fromage de chèvre local, figues sèches maison).
  • Gîte Le Vallon perdu près de Mazaugues : accueil chaleureux, idéal pour une nuit au calme en pleine nature.

Et pour ceux qui souhaitent combiner randonnée et spiritualité, pensez aux rencontres guidées organisées par l’Association des Amis de la Sainte-Baume, souvent sur des itinéraires moins classiques avec un vrai apport historique.

Un territoire qui aime se dévoiler à ceux qui prennent leur temps

Ces sentiers oubliés sont plus qu’une simple alternative aux circuits classiques : ils sont le reflet intime d’un massif qui, malgré une fréquentation croissante sur ses sites phares, garde une part de mystère à qui sait s’éloigner. En choisissant de vous aventurer sur ces chemins, vous goûterez à la Sainte-Baume dans ce qu’elle a de plus sauvage, de plus sincère.

Alors la prochaine fois que vous choisissez vos chaussures de rando, posez-vous cette question : et si le plus beau sentier était celui dont personne ne parle ?